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Transition écologique

Les limites planétaires

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Les limites planétaires sont neuf seuils écologiques associés aux cycles naturels de la terre, et que l’humanité ne doit pas dépasser pour maintenir une planète habitable. À ce jour, six de ces limites, dont le changement climatique et la perte de biodiversité, ont déjà été franchies. Leur dépassement risque d’entraîner des changements environnementaux mondiaux irréversibles et catastrophiques.

Qu’entend-on par limites planétaires ?

Les limites planétaires sont un cadre conceptuel qui cherche à définir les frontières environnementales au sein desquelles l’humanité peut développer ses activités, dont les activités économiques, de manière durable et sécure. Établi en 2009 par Johan Rockström de l’université de Stockholm et une équipe de scientifiques, ce concept identifie neuf domaines interdépendants qui, s’ils sont perturbés de manière significative, pourraient entraîner à l’échelle planétaire des changements environnementaux irréversibles et dangereux pour les populations, et susceptibles de profondément dégrader les activités humaines de toute sorte (agriculture, infrastructures, accès à l’eau potable etc…)

Schéma représentant les dépassements des 9 limites planétaires en 2023

Quelles sont les 9 limites planétaires ?

Limite 1 : Changement Climatique

Ce terme désigne l’altération, à cause des activités humaines mondialisées, de la composition de l’atmosphère terrestre. Cette modification est provoquée par le rejet de gaz à effet de serre (dont le CO2) lié à la combustion des énergies fossiles nécessaire à la production et au transport de biens de consommation. L’accumulation des gaz à effet de serre augmente la température globale de la planète, ce qui a pour effet de perturber les systèmes climatiques.

Limite 2 : Pertes en Biodiversité

La diversité biologique, essentielle au bon fonctionnement des écosystèmes dont l’humanité fait partie, subit une érosion qualifiée d’effondrement, au regard de la rapidité de son érosion. Depuis 1970, en à peine 50 ans, 70% des animaux vertébrés et plus de 80% des espèces aquatiques et marines ont disparu. Le taux d’extinction de la faune a atteint un niveau sans précédent. Ce qui met en danger la stabilité des écosystèmes nécessaires aux activités et à  la survie de l’humanité..

Limite 3 : Acidification des Océans

L’absorption par les océans du dioxyde de carbone atmosphérique issu des activités humaines augmente leur acidité. Cette acidification menace la reproduction et l’équilibre des écosystèmes marins entiers, et en particulier des coraux, impliqués dans le cycle de vie de plus de 25% de la faune marine.

Limite 4 : Utilisation de l’Eau Douce

La surexploitation des ressources en eau douce pour l’irrigation, la consommation humaine et les productions industrielles exerce une pression immense sur ce bien précieux, en particulier dans les régions arides. La surexploitation des nappes souterraines, modifie le grand cycle de l’eau en augmentant la quantité de vapeur d’eau présente dans l’atmosphère. Hors la vapeur d’eau est également un gaz à effet de serre, ce qui aggrave le dérèglement climatique.

Limite 5 : Utilisation des Terres

La conversion des terres naturelles en terres agricoles ou urbaines a de lourds impacts sur la biodiversité, les cycles de l’eau et le stockage du carbone, en particulier lorsque ces terres sont artificialisées par la construction de zones imperméables comme les villes, ou rendues stériles et toxiques pour les écosystèmes par l’utilisation massive de pesticides.

Limite 6 : Cycles Biogéochimiques

Le cycle de l’azote et celui du phosphore ont été perturbés par l’agriculture industrielle et l’élevage intensif. Le phosphore et l’azote extraits de leur cycle naturel sont rejetés dans les cours d’eau, ce qui contribue à augmenter la pollution, dégrade les conditions de vie des écosystèmes aquatiques. De plus, l’utilisation massive d’engrais azotés conduit à la production et au rejet de protoxyde d’azote (N20) qui est lui aussi un puissant gaz à effet de serre.

Limite 7 : Pollution Atmosphérique

L’émission de particules et de polluants chimiques dans l’atmosphère a des impacts sanitaires graves sur les populations. Ces aérosols amplifient également le réchauffement climatique de la stratosphère car ils diffusent et absorbent les rayonnements solaires qu’ils interceptent.

Limite 8 : Introduction de Nouvelles Entités (Pollution plastique)

Cette limite concerne les produits chimiques synthétiques et les déchets plastiques rejetés dans l’environnement et qui, puisqu’ils ne se dégradent pas, perturbent et ont un effet toxique sur les écosystèmes et en particulier la faune et la flore marine. On estime aujourd’hui que l’humanité entière a rejeté environ 100 millions de tonnes de plastique dans les océans, et que par fragmentations progressives 24 milliards de particules de microplastique flotteraient à la surface des océans,et entreraient dans la chaîne alimentaire. l’université de médecine de Vienne a réalisé une étude qui suggère qu’en moyenne, un individu absorbe cinq grammes de plastique, par semaine à travers l’eau et les aliments, soit l’équivalent d’une carte bleue.

Limite 9 : Érosion de la Couche d’Ozone

Bien que le protocole de Montréal, en 1987, ait réduit les émissions de Chlorofluorocarbones (CFC) responsables de la destruction de l’ozone stratosphérique, la couche d’ozone reste vulnérable. Pourtant la présence d’ozone est essentielle pour protéger la surface terrestre des rayons ultra violets solaires nocifs pour la santé.

Quels sont les risques à franchir ces limites ?

À ce jour, six des neuf limites planétaires sont dépassées, dont certaines de façons critiques : changement climatique,

  • perte de biodiversité,
  • cycle bio géochimique de l’azote et du phosphore,
  • utilisation des terres,
  • utilisation de l’eau douce
  • introduction de nouvelles entités
  • Une septième limite, l’acidification des océans, est également sur le point d’être franchie

Shémas réprésentant les dépassements des limites planétaires en 2009, 2015 et 2023.

Chacun de ces dépassements amplifie les risques de bouleversements écologiques irréversibles, susceptibles de déclencher des effets en cascade en raison des interdépendances entre ces limites car les limites planétaires sont inextricablement liées entre elles : la perturbation de l’une peut avoir des effets sur les autres. Par exemple, le changement climatique exacerbe la perte de biodiversité, ce qui à son tour affecte les cycles bio géochimiques.

Plus les limites sont franchies de façon significative et plus il est difficile de revenir en arrière pour réparer les dommages environnementaux causés.

Il est donc impératif de considérer le cadre de réflexion des 9 limites planétaires, comme un système d’indicateurs utiles pour naviguer de manière durable sur notre vaisseau spatial Terre. Ce n’est qu’en respectant ces frontières que l’humanité peut espérer maintenir un équilibre délicat avec la biosphère qui la soutient.

Retrouvez les 9 limites planétaires en vidéo sur notre playlist.

Ont contribué à l’article :
Charles AIVAR Frédéric BUTTET
Images : Florent DAL POS (EGLEFOR)
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