- Les travaux publics peuvent consommer des volumes d’eau considérables selon la nature des travaux, notamment pour la production de matériaux, la préparation des sols et l’entretien des infrastructures. Cette consommation exerce une pression relativement importante sur les nappes phréatiques et les cours d’eau environnants.
- L’arrosage des sols, le lavage des équipements ainsi que le coulage et l’aspersion pour le béton sont des postes de consommation d’eau significatifs.
- Mieux comprendre ces besoins permet d’anticiper l’impact des projets sur les ressources locales et de planifier des pratiques de gestion plus durables.
Les chantiers de travaux publics (TP) consomment des volumes d’eau importants pour différentes opérations, de la préparation des matériaux à l’entretien des infrastructures. Ces besoins en eau impactent significativement la ressource en eau, d’autant plus que certains projets sont situés dans des régions aux ressources limitées. Comprendre ces besoins est essentiel pour mieux apprécier l’empreinte eau des chantiers de TP.
Postes de consommation en eau des chantiers de TP
La consommation d’eau des chantiers de travaux publics se répartit principalement entre la production de matériaux, la préparation du site, la mise en œuvre des éléments constructifs et l’entretien des infrastructures. Chacun de ces postes consomme des quantités d’eau variées, qui diffèrent en fonction des matériaux, des processus employés et des spécificités du chantier.

Les besoins en eau des chantiers de TP
1. La production des matériaux de construction
La production de matériaux, tels que le béton, l’asphalte et l’acier, représente un poste majeur de consommation d’eau dans les chantiers de TP. Ces produits sont généralement fabriqués en centrale ou en usine et livrés prêts à l’emploi sur les chantiers. Ces consommations d’eau sont donc la plupart du temps des consommations indirectes mais elles font bien partie de l’empreinte eau du chantier :
- Béton : environ 200 litres d’eau par mètre cube de béton sont nécessaires pour le mélange et la cure (traitement post-coulage) du béton. L’eau permet de faciliter la réaction chimique entre le ciment et les autres composants pour assurer la solidité de la structure.

Composition moyenne d’1 m3 de béton. Source : Association Béton Québec
Pour plus d’informations sur l’empreinte eau du béton : consulter la fiche « Impacts environnementaux et risques liés à la fabrication et l’utilisation du ciment et du béton »
- Asphalte : la production d’asphalte consomme environ 50 litres d’eau par tonne. Cette eau est principalement utilisée pour le refroidissement des matériaux et la préparation des granulats. Une fois appliqué, l’asphalte doit être maintenu à une température adéquate pour assurer son adhérence, d’où le besoin en eau afin de limiter son échauffement rapide.
- Acier : environ 20 000 litres d’eau par tonne d’acier sont nécessaires pour la production, les traitements thermiques et le refroidissement des produits sidérurgiques. L’acier étant un matériau de construction couramment utilisé dans les grands ouvrages, cette consommation contribue fortement à l’empreinte eau des TP.
2. La préparation du site et le terrassement
Les travaux de préparation du site et de terrassement nécessitent également de grandes quantités d’eau, notamment pour stabiliser les sols et contrôler la poussière :
- Arrosage des sols : en fonction de la taille du site et des conditions climatiques, l’arrosage des sols est crucial pour réduire la poussière et assurer un compactage optimal des terres. Ce procédé est indispensable pour les chantiers situés dans des zones densément peuplées, où la poussière représente un risque pour la qualité de l’air et la santé.
- Nettoyage des matériaux et des engins : environ 10 litres d’eau par mètre carré sont utilisés pour le lavage des matériaux et équipements, comme les camions, les engins de terrassement et les structures temporaires. Ce nettoyage permet de maintenir la sécurité sur le chantier et de garantir la longévité des équipements utilisés.

Les besoins globaux en eau des TP pour les opérations de terrassements
3. La mise en œuvre des éléments constructifs
La consommation d’eau continue durant la mise en œuvre des éléments constructifs, comme le coulage du béton et l’aspersion pour la réduction de la poussière :
- Coulage du béton : en plus de l’eau utilisée pour sa production, le béton requiert un arrosage post-coulage pour éviter le séchage trop rapide. Cette technique permet de prévenir les fissures et d’assurer la solidité des structures finales. Par ailleurs, certaines techniques inhérentes au rendu final du béton nécessitent une consommation plus importante d’eau, comme le béton désactivé.
- Pulvérisation et aspersion : sur les chantiers, l’aspersion d’eau est couramment employée pour maîtriser les poussières générées lors des travaux de démolition et de terrassement, et lors du stockage de granulats. La quantité d’eau utilisée varie en fonction de la nature du sol, du type de tâche et des conditions météorologiques, mais elle reste essentielle pour éviter les risques sanitaires liés à l’inhalation de particules.
4. L’hygiène du personnel sur chantier
L’hygiène du personnel sur les chantiers de travaux publics est une priorité pour assurer la santé et la sécurité des travailleurs. Chaque employeur a l’obligation de fournir au moins 3 litres d’eau potable par jour à chaque personne présente sur le site. En plus de l’eau potable pour la boisson, des installations sanitaires adéquates, comprenant des toilettes et des stations de lavage des mains, doivent être disponibles pour répondre aux besoins d’hygiène de base. On considère que ce sont environ 50 L/j/personne qui sont consommés pour les besoins d’hygiène sur un chantier. Cela inclut des postes de lavage pour se nettoyer après des tâches particulièrement salissantes, contribuant ainsi à la prévention des maladies et à la protection de la santé des travailleurs.
5. Les essais d’étanchéité en fin de chantier
Les essais d’étanchéité sur les chantiers de travaux publics, tels que les canalisations et les bassins de rétention, nécessitent également une quantité significative d’eau. Ces essais sont cruciaux pour vérifier l’absence de fuites et garantir la durabilité et la sécurité des infrastructures. Par exemple, pour les canalisations, les tests hydrostatiques consistent à remplir les conduites d’eau sous pression pour détecter les éventuelles fuites. De même, les bassins de rétention doivent être remplis à capacité pour vérifier leur étanchéité avant leur mise en service. Ces opérations peuvent consommer plusieurs milliers de litres d’eau, en fonction de la taille et de la complexité des structures testées. Elles sont souvent menées à l’eau potable, plus facilement accessible, qui est ensuite rejetée en milieu naturel à la fin de l’essai.
6. L’entretien des infrastructures
L’entretien des infrastructures construites nécessite également de l’eau, bien que dans des volumes moindres. Cet entretien comprend le nettoyage et parfois la réparation des structures :
- Nettoyage et réparation : environ 100 litres d’eau par mètre carré sont utilisés pour nettoyer les surfaces de manière à maintenir la qualité visuelle et fonctionnelle de l’infrastructure. Le lavage permet également de préparer les surfaces pour d’éventuelles réparations, notamment dans les zones soumises à des conditions climatiques extrêmes.
Impact de la consommation d’eau des chantiers de TP sur la ressource en eau
L’important besoin en eau de certains chantiers de travaux publics a un impact significatif sur les ressources en eau locales, surtout dans les régions aux ressources limitées ou durant les périodes de sécheresse. Ces prélèvements en eau, répartis entre différents postes, contribuent à la pression sur les nappes phréatiques et les cours d’eau proches des sites de construction. Les pratiques de gestion durable des chantiers, en améliorant l’efficacité de l’usage de l’eau, peuvent minimiser ces impacts. Toutefois, il est essentiel d’apprécier ces besoins en amont pour chaque projet afin de planifier les volumes requis et d’évaluer les impacts potentiels sur les ressources locales.
Conclusion
Les besoins en eau des chantiers de travaux publics sont diversifiés et influent directement sur la ressource en eau, particulièrement dans le cadre de grands projets de construction. En identifiant les postes de consommation majeurs, il devient possible de mieux apprécier l’empreinte eau de ces chantiers et d’envisager des pratiques de gestion plus responsables pour limiter la pression exercée sur l’environnement.
Sources :
- Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie)
- Université Gustave Eiffel
- SMEGREG
- Fédération Française du Bâtiment
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